L’idée que l’esclavage a été inventé par l’homme blanc est non seulement historiquement inexacte, mais elle occulte également l’existence de systèmes esclavagistes complexes et anciens en Afrique et dans le monde arabe. Cet article vise à éclairer cette réalité, en montrant que l’esclavage était pratiqué bien avant l’ère moderne, notamment par les Arabes, et en comparant les traits distinctifs des traites transsaharienne et transatlantique.

Partie 1 : L’esclavage dans le monde arabe

La traite arabe-musulmane des esclaves a duré plus de quatorze siècles, transportant plus de 28 millions d’Africains à travers le Sahara, la mer Rouge et l’océan Indien. Contrairement à la traite transatlantique, qui s’est déroulée sur environ trois siècles, la traite arabe a persisté beaucoup plus longtemps et, dans certaines régions, elle continue encore aujourd’hui (Cambridge)​​ (Oxford Academic)​.

Caractéristiques de la traite arabe :

  • Proportion des genres : Deux femmes pour chaque homme étaient réduites en esclavage, principalement pour le service domestique et sexuel, contrairement à la traite transatlantique où deux hommes pour chaque femme étaient capturés pour des travaux agricoles(MDPI)​.
  • Utilisation des enfants : Une proportion significative des esclaves arabes étaient des jeunes filles, destinées à être des concubines ou des servantes dans les harems, ce qui contrastait avec la traite transatlantique qui concernait principalement des hommes adultes pour le travail agricole (Cambridge)​​ (Oxford Academic)​.
  • Mortalité élevée : La mortalité pendant les trajets transsahariens et est-africains était extrêmement élevée, atteignant 80 à 90%, bien plus que les 10% de mortalité dans la traite transatlantique (MDPI)​.
  • Castration et infanticide : La majorité des hommes esclaves étaient castrés, et beaucoup d’enfants nés de femmes esclaves étaient tués à la naissance, ce qui explique le faible nombre de descendants d’esclaves en terres arabes comparé aux Amériques (MDPI)​.

Impact sociétal :

  • Dans le monde arabe : La structure sociale a été marquée par une intégration des esclaves dans les foyers pour des tâches domestiques et sexuelles. Le faible taux de naissance et les pratiques de castration ont limité l’impact démographique des esclaves sur les populations locales (MDPI)​​ (Cambridge)​.

Opposition à l’esclavage :

  • Alors que l’abolition de l’esclavage a été promue par des réformateurs chrétiens en Europe et en Amérique du Nord, qui ont mobilisé des ressources importantes pour mettre fin à ce commerce, il n’y a pas eu d’équivalent significatif dans le monde musulman. Des pays comme l’Arabie Saoudite et le Yémen n’ont aboli l’esclavage qu’au 20e siècle, et sous une pression internationale considérable ​ (Cambridge)​.

Partie 2 : Comparaison avec la traite transatlantique

Durée et étendue : La traite transatlantique a déporté environ 11 millions d’Africains vers les Amériques, principalement vers les possessions portugaises, espagnoles et françaises. Elle a duré environ trois siècles, de 1500 à 1800, avec une forte opposition abolie dans le courant du 19e siècle, grâce à des mouvements réformateurs chrétiens et des interventions militaires européennes (MDPI)​​ (Cambridge)​.

Conditions de vie et mortalité :

  • Dans les Amériques, les esclaves travaillaient principalement dans les plantations et pouvaient, dans une certaine mesure, se marier et fonder des familles, ce qui a conduit à des communautés afro-descendantes importantes encore présentes aujourd’hui aux États-Unis et au Brésil (MDPI)​.
  • En revanche, les esclaves en terres arabes subissaient des conditions extrêmement dures avec une mortalité élevée durant le transport et une espérance de vie réduite en raison des pratiques brutales comme la castration​ (Cambridge)​​ (Oxford Academic)​.

Impact sociétal :

  • Dans les Amériques : Les esclaves ont pu, dans certains cas, se marier et avoir des enfants, créant ainsi des communautés afro-descendantes qui ont eu un impact significatif sur la culture et la démographie des pays comme le Brésil, les États-Unis, et les Caraïbes.
  • Dans le monde arabe : La faible proportion de descendants d’esclaves et les pratiques sévères ont conduit à une intégration plus limitée des esclaves dans la société sur le long terme.

Témoignages et récits :
Le récit de Mende Nazer, une ancienne esclave soudanaise, illustre les horreurs continues de l’esclavage moderne dans certaines régions. Enlevée et réduite en esclavage à l’âge de douze ans, elle a vécu des années de servitude forcée avant de s’échapper et de demander l’asile au Royaume-Uni. Son histoire met en lumière la persistance de l’esclavage dans certaines cultures malgré les interdictions officielles ​(Cambridge)​.

Conclusion

L’idée que l’esclavage a été une création de l’homme blanc est un mythe qui ne tient pas compte des complexités historiques et géographiques de cette pratique inhumaine. Les Arabes, comme d’autres civilisations avant eux, ont pratiqué l’esclavage de manière extensive et brutale. La comparaison entre les traites transsaharienne et transatlantique révèle des différences significatives mais souligne également l’inhumanité commune de l’esclavage sous toutes ses formes.

Pour une compréhension plus complète de ce sujet, il est essentiel de consulter des sources académiques rigoureuses et diversifiées, comme celles utilisées dans cet article, pour saisir l’ampleur et la diversité des systèmes esclavagistes à travers l’histoire.

Sources à consulter pour approfondir ce sujet